Bellancille Bagirinka : Bellancille (née en 1941) est une mutilée du génocide. Elle a été brûlée vive dans l’église de Simbi (Ouest du Rwanda) le premier lundi qui a suivi le déclenchement des massacres, en compagnie de centaines d’autres Tutsi qui s’y étaient réfugiés. Sortie inconsciente des cadavres entassés dans l’église calcinée, elle fut transportée au Burundi pour y être soignée.
Ramenée au pays par la Croix-Rouge internationale en 2003, elle eut du mal à se réinstaller dans l’ancienne propriété familiale. La situation est devenue insupportable lorsque son unique fils survivant a été assassiné par empoisonnement. Ne trouvant pas d’aide auprès des associations de rescapés dans la région où elle avait échoué, et après une tentative de suicide, elle parvint à Kigali où elle vécu un temps à la rue après avoir été hébergée chez des gens.
Alors qu’elle venait d’être sortie de la rue et recueillie dans un village pour rescapés par une congrégation religieuse, c’est une assistante sociale qui nous la présenta pour un parrainage en 2011.
Avec le premier versement, Bellancille s’est achetée en urgence des petits rideaux pour ses fenêtres (la maison n’était pas meublée) parce que, « Au Rwanda, une entrée de maison sans rideau ça ne se fait pas ! Ce n’est pas digne... ». Puis elle a investi dans des plantations, quelques meubles, un vélo, des lapins, des chèvres, une vache « pour avoir du lait, parce que je suis trop gourmande, j’aime tant le lait ! ».
Elle fut opérée en 2013 (pour la dixième fois peut-être) de son bras droit très grièvement brûlé en 1994 et qui ne fonctionnait pas bien.
Bellancille nous étonne à chaque rencontre, par sa force de caractère, sa philosophie, sa fragilité.
Vous pouvez lire ici son récit enregistré en 2002, lors de l’une de nos rencontres.